Arrêt momentané du blog pendant 3 jours pour cause de grève du technicien blogueur due à une overdose de ripio (piste d'Amerique du Sud)
5/02 La température monte, 11 degrés au départ, elle atteindra 25 l’après-midi, terminé les caleçons longs. Ceux « du matin » ,Gonzague et Norbert, partent nord sur la ruta 40, alors que ceux « du soir », Amaury et Hubert, sortent de leur chambre pour prendre leur petit dejeuner.
"Bel" établissement perdu au milieu de la pampa, jouissant d'une position de complet monopole, à vendre pour la modique somme de 1 250 000 dollars US !!! |
Le point à atteindre est Bajo Caracoles, minuscule patelin où nous avions déjà fait le plein à la descente. Nous passons par Gobernador Gregores où nous étions passé le 29 janvier lors de notre descente vers la terre de Feu. Nous n’aurons que 200 km empruntés deux fois, à la descente sud et à la remontée nord.
Pas de nouvelles de nos amis.
6-02 Nous partons après un petit-déjeuner foireux, rien à manger et une matrone désagréable. Aucune nouvelle de l’autre équipe. Aujourd’hui nous repassons côté Chilien par une petite piste peu utilisée, par le passage de Paso Roballos, cette frontière se passe habituellement à Chile Chico.
Plein ouest à l’assaut des Andes ! On n’est pas déçu, disons par les paysages, parce que la piste, elle, c’est pas la copine de Gonzague ! Au tapis le Gonzague, pas méchamment, tout doux, mais un clignotant HS, On peut entendre tout les jurons de la terre dans le packtalk (système permettant de communiquer entre nous) et le bougre se retrouve en bibendum michelin car il est équipé d’un air bag, au demeurant extrêmement efficace.
Ah ! Ces putains de graviers bien ronds |
Ce packtalk est témoin de conversations qui, ailleurs, pourraient paraître surréalistes.’ Tu peux y aller, c’est tout bon. C’est ce que je fais, je suis à 35 !’
Et voilà enfin la douane argentine, un tout petit poste perdu et sympa, avec un gosse qui braille dans un coin et deux gars tout sourire.
La piste s’est rétrécie et un peu améliorée, on passe des petits lacs, avec parfois des groupes de flamands roses, dans les fonds des zones vertes accueillent quelques vaches et une estancia modeste. On ne voyait plus de vaches depuis longtemps, la pampa du sud est trop aride pour les bovins et même souvent pour les moutons, même les guanucos (lamas) sont quelquefois absents. Très peu de passage sur cette piste.
La température monte à 20 degrés, au fur et à mesure de la descente côté Chilien .
Peu avant de rejoindre la carretera austral, descente nord-sud chilienne qui est le pendant de la ruta 40 argentine, nous tombons sur un grand emplacement très chicos comprenant hôtel et restaurant. N’ayant rien mangé depuis notre petit déjeuner nullissime de ce matin, la halte s’impose. Devant l’hôtel un groupe de guanucos paissent tranquillement et un renard passe furtivement. Au moment de retrouver nos motos, plus de clé sur celle de Norbert et le guidon bloqué en position verrouillé ! Dieu merci nous avons une clé de secours et le voyage peut continuer … Quel abruti aura été enlever cette clé ?
Voilà la carretera austral que nous prenons vers le nord, grande piste roulante qui longe des gorges et des cours d’eaux magnifiques et de grands lacs couleurs turquoises. Malheureusement ce sont les vacances au Chili et cette piste est très utilisée, on bouffe beaucoup de poussière.
Voici enfin un patelin au bord d’un joli lac qui est équipé d’une station essence. Il répond au doux nom de Rio Tranquilo, c’est exactement ce qu’il nous faut. Mais tout est complet. Et Gonzague n’a pas particulièrement envie d’essayer sa tente, son entêtement est payant, nous voilà installé dans une cabaña au bord du lac. Rencontre sympa d’un jeune couple français qui voyage avec un vieux combi Wolkswagen acheté 5000 euros au Chili, d’après le gars le même lui aurait coûté 4 fois plus en France. On les invite à prendre un pot dans la cabaña et c’est l’occasion de sortir et boire les petites fioles de whisky que nous avait gentiment données Olivier. L’occasion aussi de l’associer virtuellement à nous lors de cette petite fête. Enfin un message watsap de nos amis, ils sont à Cochrane, un peu plus au sud, mais coupure de courant, et sans wifi, on ne peut leur répondre.
7-02 Nettoyage filtre à air, et en avant. Quel pays étonnant, après 2 heures de piste on traverse une zone inattendue de forêt dense avec des arbres d’assez gros diamètres. Un peu d’imagination et on pourrait se croire dans les Monts du Chaillu, au Gabon !
Depuis notre départ il nous arrive de croiser des cyclistes, véritables bagnards volontaires, et quand il s’agit de piste pleines de caillasses et qu’une ravissante jeune fille sautille sur sa selle dure, aucune pensée lubrique ne nous assaille, mais uniquement, ma parole -on n’ira pas le jurer sur la tête de je ne sais qui- un grand sentiment de pitié pour ce joli postérieur si tourmenté.
Ah comme Gonzague prend plaisir à retrouver le goudron ! Et le petit restaurant posé là pour nous est un vrai bonheur. Arrivant quelques minutes plus tôt, Norbert est accueilli par 4 jeunes chiliennes auto stoppeuses qui chantent à tue-tête. C’est aussi ça l’Amérique du Sud. Ayant été chaleureusement félicitées par Norbert, elles remettent la sono à l’arrivée de Gonzague.
On avait déjà eu un barrage de moutons en Argentine, cette fois un gaucho et ses quelques vaches occupent la route.
Arrêt sympa le soir à Amengal où on discute justement avec un couple de cyclistes belges. Ils habitent Londres, lui est professeur en géophysique, on leur demande s’ils espèrent diminuer leur temps de purgatoire céleste en en bavant de cette façon. Non, ils apprécient et tentent de nous convaincre, sans aucun succès, de l’intérêt de cette autre façon de voyager. Et Monsieur nous explique qu’il se tape quelquefois les côtes trois fois. D’abord il monte, puis s’aperçoit que Madame n’en peut plus après avoir franchi le tiers de la montée, alors, bon chevalier servant, il laisse sa monture et rejoint la belle pour gravir avec elle ce chemin de croix. Ceci, bien sur, plusieurs fois par jour. Sans doute est il très amoureux, mais comment prouver cet amour après de tels efforts !
Ce soir on délaisse le Malbec pour du Cabernet Sauvageon, même couleur, même degrés d’alcool, même bon goût, mêmes effets, on dort comme des bébés.
8-02 Chaiten en ligne de mire. 340 km dont une grosse partie de piste. Et la pluie est de la partie, transformant certaines portions en micro bourbiers qui donnent l’occasion à Gonzague de réciter son répertoire entre deux zigzags de la roue arrière. Ça se calme, le ripio redevient sec, c’est alors la poussière fine soulevée par le trafic assez important sur cette carretera austral qui rend même parfois la visibilité incertaine. Nos pauvres grosses Berthas sont obligées d’aspirer cet air chargé de poussières et nous avons pitié d’elles. Elles auront droit à un nettoyage de filtre à air avant la crise d’asthme.
Cette partie de la carretera austral est très prisée. On y croise beaucoup de jeunes qui font du stop, marchent à pieds, roulent en bicyclette. Tout ce petit monde respire allègrement la poussière du trafic.
Eh Norbert – Quoi – Je vais te dire un truc que tu ne répéteras pas – Ok je l’écrirais peut-être mais je ne le répéterais pas- Déconne pas- T’inquiète – J’ai vraiment pris mon pied sur cette partie de ripio ! Sans blague, tu payes à boire ce soir. Voilà ce qu’on a pu entendre cet après-midi dans le packtalk.
Marre de la boue dans le ripio sous la pluie |
La route longe les lacs et les bras de mer qui débouchent sur le Pacifique, et en même temps, on peut voir des petits glaciers sur les hauteurs.
Arrivés à Chaiten il y a deux possibilités, soit un bac nous transporte vers la grande île de Chiloe qu’ il faut ensuite remonter vers le nord avant de reprendre un bac pour le continent, soit on continue jusqu’au bout sur la carretera austral, franchissant trois bras de mer avec trois bacs différents. C’est finalement l’option choisie, passant pour être la plus jolie. Encore 60 km pour arriver au premier bac partant demain matin à 7 h.
Pas d’hôtel, pas de restaurant, heureusement on s’est envoyé un lomo (steak ) à midi et question calories, on peut tenir… Découverte d’un toit recouvrant une sorte point de vue touristique, on décide de s’y installer plutôt que de subir la promiscuité de le jeunesse bruyante dans un camping non loin.
Carlos nous a rejoint, motard Chilien parti de Cohayhaique et allant 1000 km plus au nord, pour nous la porte à côté. On partage 3 bières que Gonzague a trouvées et du chocolat de Carlos. Installation et tout ce petit monde s’endort. C’était sans compter sur la maréchaussée du camping.
Holà Holà, por favor, prohibido ! Que voulez-vous faire, en plus il y met du por favor, on est bel et bien viré. Et il fait nuit. Allez les gars on est des durs. Refaire les sacs, traiter ces mecs de tous les noms, retrouver les motos, réamarrer le paquetage, et on fout le camp en râlant pour retrouver le camping. La tension monte chez Gonzague. Tu vas te taper de monter ta tente ? – Je sais pas, je vais voir. – j’men fous j’vais à l’embarcadère ! Et le voilà qui part avec sa moto tenter sa chance plus loin. Une petite pluie s’y met, c’est la complète. Grâce à ma lampe frontale, on se débrouille, Carlos monte sa petite tente et moi la mienne au milieu de cette espèce de pré où pousse chaque soir ces gros champignons multicolores. Mais sous ces champignons il y a des jeunes qui parlent et rient, et, on ne sait pas pourquoi, en espagnol ça fait plus de bruit qu’en français. Enfin la sono naturelle du camping se met en sourdine et je m’endors.
Nos chers amis, avec lesquels on communique de façon surprenante par sms, sont bloqués à O’ Higgins. Amaury a crevé et réparé. Hubert a sa béquille tordue et une sécurité empêche la moto de démarrer. Cette affaire peut leur faire prendre trois jours de retard.
9-02 Réveil à 5.30h, il fait encore nuit, heureusement il ne pleut plus. Gonzague nous rejoint, il s’est bien débrouillé, trouvant un plancher protégé par l’auvent de l’office du tourisme. Tout habillé avec, en plus, sa combinaison de pluie, il n’a même pas eu besoin de se fourrer dans son sac de couchage.
Premier bac, il y en aura trois, une heure, puis trois heures, et enfin une traversée très courte. On longe une côte boisée montagneuse et des rias où on peut voir des piscicultures de saumon
Poussière maximum entre les bacs, tous les véhicules empruntent le ripio en même temps, avec aussi ceux que le futur bac a déversé devant et qui nous croisent. Bonjour les cyclistes ! Vous n’étiez pas encore asthmatiques ?
Le dernier bac nous largue quelques km avant la ville de Puerto Montt. Brutalement on a encore changé de pays. Nous pourrions presque nous croire en Europe. La campagne a perdu tout aspect originel sauvage, l’homme blanc -car les anciens autochtones ne bousculaient pas les ordres naturels- l’a transformée en un vaste jardin, (parfois aussi en une vaste poubelle mais pas ici).
Il n’est pas trop tard, on va pousser jusqu’à Osorno où on espère pouvoir changer nos pneus demain, les crampons de la roue arrière de Norbert sont maintenant invisibles, c’est tout lisse. Sur le ripio surtout mouillé ça devient délicat. C’est par une autoroute qu’on rejoint Osorno, un peu d’autoroute, on ne crache pas dessus et nos grosses Berthas non plus, surtout quand on leur lâche un peu la bride.
Le dernier bac nous largue quelques km avant la ville de Puerto Montt. Brutalement on a encore changé de pays. Nous pourrions presque nous croire en Europe. La campagne a perdu tout aspect originel sauvage, l’homme blanc -car les anciens autochtones ne bousculaient pas les ordres naturels- l’a transformée en un vaste jardin, (parfois aussi en une vaste poubelle mais pas ici).
Il n’est pas trop tard, on va pousser jusqu’à Osorno où on espère pouvoir changer nos pneus demain, les crampons de la roue arrière de Norbert sont maintenant invisibles, c’est tout lisse. Sur le ripio surtout mouillé ça devient délicat. C’est par une autoroute qu’on rejoint Osorno, un peu d’autoroute, on ne crache pas dessus et nos grosses Berthas non plus, surtout quand on leur lâche un peu la bride.
Avec sa peau d'agneau, la selle de Norbert pourrait être celle d'un Touareg, d'un spahi, ou tout simplement d'un gaucho ! |
Encore un essai d'ajout de commentaires directement sur le blog. Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore réussi à aller au delà d'une demande de codes et de mots de passe.
RépondreSupprimerNous voudrions pourtant, Lydwine et moi, vous dire que nous apprécions beaucoup, non seulement les photos des paysages bluffants ou des rencontres diverses survenant au fil de la route, mais plus encore tous les petits récits qui nous font ressentir les joies ou les fatigues, les faims ou les bons vins dégustés, les nuits plus ou moins abrégées, le froid et la chaleur, le tangage des bateaux traversant les bras de mer...
Tout cela nous donne presque l'impression d'y être aussi et de partager vos aventures et mésaventures ( de celles là, Hubert semble récolter une bonne ration).
Merci au chef bloggueur et au scribe. Bonnes routes et pistes.
Bien amicalement,
Jean-Claude et Lydwine
Jeudi 16 février... Constatant que nos réactions peuvent être publiées, nous prenons goût aux commentaires. Alors, seriez vous donc attirés par les lueurs et le confort de la ville au point de ne plus avancer plus haut, au Nord du Chili ? Le suspense est grand pour nous qui avons reçu hier par Whatsap des photos envoyées par Hubert et qui rappellent beaucoup celles que vous aviez mises en ligne il y a déja presque une semaine. Mais il est vrai que tous n'ont pas la chance de déchirer un pneu sur la route !
RépondreSupprimerQuoiqu'il arrive, bonnes routes et bonne promenade motocycliste pour tous les quatre.
Jean-Clade et Lydwine.